Dans le 12ème volet de sa Chronique Giennoise « Choses et d’Autres », Maître Jean-Claude Renard nous décrit la pratique des sur-décors, dont on parle peu lorsque l’on fait référence aux faïences de Gien.

Les collectionneurs doivent savoir qu’au XIXe et début du XXème siècle, de nombreux artisans et artistes achetèrent des biscuits blancs de la Faïencerie, puisqu’ils n’avaient pas la possibilité de les fabriquer eux-mêmes, afin de les décorer.
Il existe alors deux types de sur-décors :
Le premier type : que nous pouvons qualifier “occasionnel”
Ce sont des artistes en chambre, baptisés “les peintres chambrelans”, (mot populaire aujourd’hui désuet) travaillant chez eux et prenant du plaisir à décorer les biscuits achetés à la Faïencerie.
Ces chambrelans les cuisent à l’aide de petits fours à moufle, (dits fours pyrofixateurs), chauffés au charbon.
Certains chambrelans confient leurs oeuvres, afin de les cuire, à des céramistes spécialisés.


Le second type : que nous qualifions de “permanents”

Les artistes et les artisans achètent de forts lots, les décorent et les revendent une fois peints et cuits.
Là encore deux options s’offrent à ces hommes : soient ils sont de bonne foi, soit ils veulent faire de substantiels bénéfices.
Les décors, sont assez souvent beaux, car peints sur faïence blanches, dont la marque frappée au cul des pièces date des années 1830-1871 (le cul d’une assiette est une expression châtiée, qui désigne depuis le Moyen-Âge, le derrière d’une assiette).
Je dois signaler une pratique tout à fait intrigante.
Pendant des décennies, les collectionneurs ont recherché les pièces portant une marque ancienne. Ils les jugeaient de plus grande qualité et ainsi acceptaient d’en payer le prix.
Or, certains artistes, pratiquant le sur-décor, par conscience professionnelle, cachèrent volontairement la marque de GIEN par un trait de peinture noire. C’est tout à leur honneur.
En revanche, des marchands peu scrupuleux, ont plus tard pratiqué l’opération contraire. Ils ont passé ce trait noir ou bleu foncé à la meule, afin de le faire disparaître et de mieux vendre l’objet, comme ancien, la marque d’origine réapparaissant et prouvant au néophyte l’ancienneté de la pièce convoitée.


Photographies réalisées par François Zabaleta.
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